Le 23 juin 2003, par Lézard Vert,
Il y a le monde des informations, des flash spéciaux et des nouvelles fracassantes.
Un monde d’extrêmes, de miracles et de tragédies. Une mer démontée.
Il y a le monde réel, où les vagues sont moins hautes, plus abordables. Un monde de routine et de surprises, de travail quotidien, de vacances, de disputes entre collègues et de fêtes entre amis. Un gentil petit étang, ou le coude d’une rivière, qui passe avec une lenteur d’escargot, sous une rangée de saules fainéants.
21 juin : Fête de la musique. 22 juin : Fête du cinéma. Nous nous étions concoctés un agréable programme : flâner, avancer dans la foule, écouter les artistes et en milieu de soirée, aller retrouver une impressionnante bande d’amateurs de chanson française. De bons vivants de tous les âges, occupés à accordéoner, guitariller et s’époumoner avec passion, sur la place de l’église Saint-Eustache.
Le lendemain, nous réveiller un peu tard, puis aller retrouver des amis, au cinéma, pour un petit documentaire.
21 juin au soir, en nous rendant aux Halles, nous traversâmes l’île de la Cité et remarquâmes une concentration de forces de l’ordre. CRS, cars et fourgonnettes et même un canon à eau. Normal, un soir de Fête de la musique.
La soirée s’écoula, arriva le dimanche, chaud, lumineux, très ensoleillé. Nous répétâmes le même trajet : toujours autant de policiers et de gendarmes, et même plus. Aux entrées du palais de justice, les gendarmes avaient de gros gilets pare-balles. Un automobiliste qui s’apprêtait à entrer dans le parking souterrain du palais, se faisait inspecter le dessous de sa voiture avec un miroir au bout d’une perche -comme à la télé !
"Bienvenue à Berlin-Est !" s’exclama ma douce, surprise comme moi par cet impressionnant spectacle. Nous nous rappelâmes rapidement que c’était le procès Erignac qui se tenait ces jours-ci à Paris ! J’avais tellement l’habitude de "lire" l’actualité, que j’en oubliais qu’elle était aussi un petit peu réelle.
Heureusement, cela ne dura pas longtemps. Nous quittâmes l’île de la Cité et nos préoccupations redevinrent tout autres. Deux mondes, qui se croisèrent quelques instants, poliment et silencieusement. Quelques pas légers, et c’était fini, l’actualité avait réintégré les pages de mon journal.