Le 4 décembre 2004, par Lézard Vert,
(ou les aventures d’un Francilien timoré au Far West) Il y a des moments où il vaut mieux rester chez soi. Assis dans le canapé, un livre sur les genoux et une tisane à portée de main...
Tout, sauf accompagner les fous furieux avec lesquels j’ai passé une soirée, il y a quelques temps, dans les marais salants près de Guérande, en Loire-Atlantique.
Ca se passe en février. Je suis arrivé depuis la veille. Je suis le "parigot", le petit nouveau, celui qui boit le moins et qui maîtrise le moins les coutumes locales.
1e étape : nous sommes dans une sorte de taverne à l’ancienne, à Pornichet, où l’on nous sert de petits verres sur un "bar" fait d’une grosse planche de bois. Puis l’on se fraie un chemin dans la foule (cet endroit pas cher attire un monde fou !) jusqu’à une cour intérieure où tout le monde s’entasse et boit.
2e étape : 2e bar, où mes hôtes enchaînent quelques nouveaux verres. Nous sommes assis sur une terrasse bétonnée en bord de mer, dans un cadre assez laid.
3e étape : l’un d’eux, un des plus éméchés, nous conduit en voiture jusqu’à chez lui. Le trajet est dingue. Nous roulons dans les marais de Brière, sur une route sinueuse. A la moindre sortie de route, notre voiture tombe à l’eau. Or il fait nuit, et notre pilote plein d’humour décide, à un moment donné, d’éteindre ses phares pour tester ses réflexes ! Nous sommes aux frontières du réel. Mais on gueule et il s’arrête. Puis nous arrivons.
4e étape : Là, il y a une grange où il a l’habitude de squatter avec ses potes et beaucoup de bière. Nous montons à l’aide d’une échelle, nous nous asseyons, ils boivent. Nous discutons, l’ambiance est sympa. Je commence alors à négocier avec un de mes amis (A., celui que je connais le mieux, qui m’a introduit auprès des autres) de proposer au conducteur de prendre le volant à sa place, pour notre prochain trajet. Cela me semble d’une prudence élémentaire.
Il accepte. Mais la voiture que nous devions prendre ne démarre pas : il y a un système antivol et l’autre est trop bourré pour le désactiver. ... si bien qu’il décide de prendre son autre voiture, qui lui sert pour son travail d’artisan. Une petite voiture. Il n’y a quasiment pas de banquette arrière : celle-ci a été repoussée vers l’avant pour laisser plus de place dans le coffre. Comme nous sommes... sept ! il faut que deux d’entre nous aillent dans le coffre. Je me retrouve à monter dans le coffre avec mon pote A., mais il y a si peu de place que nous devons nous asseoir en position foetale, tournés vers l’arrière.
5e étape : nous roulons donc sur des routes de campagne, entraînés par un conducteur ivre, assis recroquevillés dans un coffre... Je ne suis pas chrétien, mais j’ai tout de même prié. Pendant tout le trajet, sans m’arrêter.
Jamais je ne recommencerai une folie pareille.