Le 11 décembre 2002, par Lézard Vert,
Le demi pression à 1,70€, dans un bar de nuit ? Une vraie quête du Graal, dans les lieux branchés habituels de la capitale. Mais donnez-vous la peine de partir un peu en "hors piste"...
N’ayez pas peur, suivez-moi, hop, hop, virage, pente raide, slaloms entre les sapins, nuages de poudreuse, ça y est ! Nous sommes arrivés.
Dans ce quartier-ci les rues sont moins belles, moins lumineuses, surtout à minuit ; les bâtiments, plus sobres et moroses. Mais quand j’ai découvert ce coin (pas plus tard qu’hier soir), j’ai compris que quand il faisait un temps douloureusement hivernal, que la journée vous avait semblé vide ou pénible, quand on était en pleine semaine, l’important, ce n’était ni la beauté des bâtiments en pierre, ni les décos de Noël qui commencent à germer ici et là, ni les enseignes lumineuses accrocheuses.
C’est plutôt, à coup sûr, la simplicité de la chaleur humaine. Sur cette place du 18e arrondissement, deux bars arabes se font face, plutôt discrets, au milieu des rues vides. L’un éclairé de bleu, l’autre de rouge. Poussez la porte. Ah, déjà, il fait chaud. Il y a du monde, toutes sortes de gens, un public détendu et dont la décontraction se lit et est contagieuse. Des petits groupes de potes ou de vieux amis, des vieux usés venus seuls, habitués des lieux, des couples d’étudiants. Des gens qui parlent fort, explosent de rire, gueulent de bonnes blagues, mais qui vous disent gentiment "pardon" et ne vous bousculent pas quand ils veulent passer. Une absence de prise de gueule, une gentillesse et une politesse franches et assumées jusqu’au bout : jusqu’à ce demi à 1,70€, forme suprême de politesse.