Le 18 février 2003, par Lézard Vert,
Cuisiner est une activité que j’adore. Surtout quand je reçois du monde. Mais étant un maniaque, vouloir garder un œil sur tout et m’assurer que tout va bien me rend frénétique.
Ce soir, c’est soupe au lait de coco, une recette thaïlandaise, pour ma gentille invitée venue de l’Orient (de la France). J’avais prévu le coup dès ce matin, avant son arrivée, en allant faire des courses dans un magasin asiatique.
Je m’étais dit que je m’y mettrais en avance, pour préparer le repas. Mais une fois la cuisson du dessert lancée et les ingrédients sortis, je vois qu’il est 20h20, alors que nous devons partir à 20h55 ! Si l’on ajoute : les traits de mon caractère ci-dessus décrits, le fait que c’est la première fois que je tente de préparer cette soupe, et la présence d’une compote de pommes de mon cru sur le feu, je me transforme malgré moi en Taz, le diable de Tasmanie.
Un mécanisme de chaos fractal incontrôlable se met en branle, dont je ne suis que l’éxécutant aveugle, inconscient des grands desseins qui se jouent au-dessus de moi. La cuisine devient un mélange de caverne d’Ali Baba et de "Nature morte aux viandes, légumes et épices" (Flandres, 1682). Bouteilles diverses, pousses de citronnelle, gingembre, planches à découper, couteaux, blancs de poulet en train d’être émincés par mon amie, ustensiles variés, citrons (verts), presse-agrumes (occupé à traquer les citrons), piment, casseroles pleines et vides, boîtes de lait de coco (qui a plutôt l’air d’une pâte, quand il est froid), taches de toutes sortes qui se multiplient, ah ! le téléphone qui sonne, GE-NIAL !, coriandre (hachée), coriandre (entière), toutes les pièces d’un jeu d’échec sans règles, dopées aux amphétamines et devenues incontrôlables.
Tiens ! Je suis rappelé à un autre souci par la fumée qui surgit de la casserole de compote. On touille pour limiter les dégâts. Cuillères de sucre. Coup d’œil dans le livre de recettes : il en faut plus. Re-sucre. Cuillère (à café) de cannelle. Re-touillage. Snif, snif, hmm... ça sent bon.
Nouveau changement de poste de travail. Ca y est ! Tous les ingrédients de la soupe sont à leur poste. Plus que... 10mn ! Mais c’est énorme 10mn !
(Quelques minutes passent.)
Ouuuuf... Ca va être prêt. On sort les bols. La soupe est brûlante,... savoureuse.
C’est juste qu’à 18 de tension, j’ai du mal à l’apprécier pleinement.
On doit partir à quelle heure, pour être à temps à Versailles ?
(Je jette un œil à la pendule) Et bien, à 20h55. Là il est... 21h20.
Epilogue
1- Cette soupe mangée trop vite m’aura filé des nausées pendant toute la première moitié du film, au ciné où je suis allé après.
2- Mais comme elle était vraiment bonne (bien qu’écoeurante au-dela d’un certain seuil) et qu’il en restait beaucoup, elle aura accompagné mes repas jusqu’à dimanche soir (nous étions vendredi).