Le 14 janvier 2003, par Gigi Pedro,
L’action se passe en Loire Atlantique, à Préfailles, petite station balnéaire au bord de la mer, à côté de Nantes. Cela faisait une heure que je n’avais pas attrapé une seule vague à surfer avec mon petit bodyboard.
Trop de monde à l’eau, jamais bien placé. Pourtant les vagues étaient belles. Un bon mètre cinquante, qui formait des "tubes" sur les plus grosses d’entres elle. J’essaye de partir sur une vague assez grosse et la lèvre de celle-ci au lieu de me recracher vers le bas m’aspire avant de m’éjecter trois mètres devant. Je "mange" comme pas permis. Roulé sous l’eau, subissant la puissance de l’océan. Manque d’oxygène. Marre de se faire avaler par autant de litres d’eau. Je finis par refaire surface.
Alors je m’énerve contre cet océan qui ne m’a rien offert depuis plus d’une heure. J’ai froid, j’ai mal aux jambes, aux bras. Le soleil se couche et il va falloir rentrer. Je décide d’aller loin, plus loin que les autres surfers, pour en prendre une plus grosse. Et je crie un défi à l’océan : "envoie-moi une belle vague si tu en es capable !!!".
Je me retrouvais là comme un con, à un endroit où aucune vague ne se brisait, quand un gros monstre d’eau surgit de nulle part. Je me lance, palme et rame comme un fou, la vague commence à me prendre, ça y est je démarre, cette vague est énorme, j’en ai peut être jamais pris d’aussi grosse, je dévale la pente, virage serré en bas, et puis la magie opère, sans vraiment le vouloir je me retrouve pour la première fois de ma vie dans un tube, entouré d’eau qui bouge, ne faisant plus qu’un avec l’océan. J’avance et ces deux, peut être trois secondes, me paraissent une éternité, tellement la caverne d’eau en mouvement dans laquelle je suis est magnifique.
Puis la vague "ferme" et m’écrase sous ses tonnes d’eau, alors que j’étais encore dans ce tube. Je coule à 2 mètres sous l’eau, je tape le fond avec mes fesses et entaille ma combinaison. Je remonte comme je peux à la surface encore sous le choc de ce merveilleux tube et de cette descente aux enfers sous l’eau.