Le 23 octobre 2003, par Lézard Vert,
Ou comment dans une camionnette chargée, remplie de cartons de toutes tailles, il est possible de dormir en se sentant aussi douillet et en sécurité qu’un enfant dans son berceau.
Entre la région parisienne et la Transylvanie, nous avons à peu près deux mille cinq cents kilomètres à parcourir. C’est le deuxième jour de route, le deuxième soir pour être exact. Nous sommes en Hongrie.
Peu après avoir franchi la frontière austro-hongroise je décide d’aller dormir. A l’avant de notre camionnette, l’une des quatre qui composent le convoi, il y a trois amis. Pour ne pas être gêné par les conversations et la musique, ceux qui ont besoin de repos vont à l’arrière des véhicules. L’un est fait pour ça et pour le transport de la bouffe. Les trois autres ont leur chargement... il faut donc s’installer au sommet du tas de cartons. Ceux qui sont venus dormir avant moi dans cette camionnette ont étalé plusieurs épaisses couvertures. Je grimpe et je m’installe avec mon sac de couchage.
C’est un repos particulier, tout de même. Les cartons forment une sorte de léger escalier dont la pente me fait glisser vers les portes arrière, au fur et à mesure des secousses. Je sens sous mon dos plein d’angles et de bosses. Heureusement, les couvertures sont épaisses. De plus, quand on est près du toit d’une camionnette, on sent les cahots et les vibrations avec une force multipliée. J’ai l’impression que nous roulons comme des dingues et j’ai plusieurs fois peur que le véhicule se renverse. Finalement la fatigue m’entraîne... et ce tas de couvertures est décidément bien attirant...
Je m’endors comme un masse. Je me réveille parfois, secoué par la route, pour me rendormir aussitôt.
Après plusieurs heures nous arrivons à Budapest et nous faisons une pause. Il fait nuit noire, il est plus de dix heures du soir. Sur les dernières minutes de trajet, j’étais réveillé : reposé, engourdi, bien au chaud, comme un poussin couvé amoureusement par une grosse poule métallique Renault. Et dans la cabine j’entendais les REM : Shiny Happy People...