...Et dans le rayon peluches du BHV de Paris, soyons francs, je deviens totalement gâteux. Me voilà donc en train de faire la queue à la caisse, au milieu de nombreux autres clients. C’est le soir. Dernières minutes avant la fermeture. Je porte sous le bras une majestueuse panthère noire, à la fourrure incroyablement douce, tellement grande qu’elle gêne les clients qui sont devant et derrière moi. Même si un pareil félin attire l’attention, je garde un air faussement détaché, amusé par la situation.

Je suis aussi en train d’observer la caissière, une jeune femme arabe au visage charmant. J’ai l’habitude de voir les caissières du BHV se faire houspiller par des clients, en cette chaleureuse période de Noël. Il y a quelques années, j’en ai vu une recevoir dans la figure le vêtement que voulait acheter une dame BCBG, parce que celle-ci était excédée que son paiement par carte bleue ne marche pas. Apparemment, cette fois-ci, je suis tombé sur une caissière tellement détendue et rêveuse qu’elle peut à la fois être aimable et laisser glisser sur elle la tension ambiante.

C’est mon tour. Je pose l’animal sur le comptoir. "Oooh, c’est joli ça !" dit-elle avec un attendrissement non feint, l’air toujours sérieux. Je ris. Quand elle essaie de ranger la panthère dans un sac, elle se met à lui parler "Allez, rentre... allez, range tes pattes... fais un effort, sois gentil...". Elle me dit qu’elle va ranger la bête avec les pattes avant croisées, peut-être comme une vétérinaire dirait au propriétaire d’un matou que finalement, elle va devoir l’anesthésier, mais que tout se passera très bien. Moi je commente le comportement rétif de ma panthère "Elle ne veut pas être sage...". Regard un peu surpris et amusé. Après cet échange agréable, au revoir, bon courage, je la laisse au client (j’allais écrire "au patient") suivant, avant de rejoindre mon acolyte et de plonger dans Paris sous une pluie nocturne.