Le 31 août 2007, par Lézard Vert,
Cet été j’eus l’opportunité de découvrir cette belle région qu’était le Gers, d’où était originaire la famille d’un ami accueillant (mister N, pour ne pas le nommer)...
Avec une dizaine d’amis communs, j’avais été invité par ce dernier à passer une semaine dans sa maison de vacances.
C’était une bien belle région, très rurale, ensoleillée, vallonnée, aux paysages doux et apaisants, et dont les routes, étroites et improbables, devenaient franchement sinueuses pour l’imprudent qui décidait de rentrer se coucher après une soirée un peu arrosée. Mais passons.
Or donc, l’oncle et la tante de l’ami en question nous convièrent chez eux un soir pour ce qu’ils appelèrent un "apéro dinatoire". Nous nous y rendîmes plein d’enthousiasme, les douze que nous étions, flattés par cette hospitalité, craignant vaguement de nous ennuyer dans cette famille que nous ne connaissions pas (sauf pour quelques-uns d’entre nous) et prévoyant un retour à une heure peu tardive. Une soirée simple et sans prétention, que nous n’appréhendions pas, confiants que nous étions en nos capacités de fêtards vétérans débarquant avec arrogance de la Capitale, ville de tous les vices et de toutes les débauches...
Quatre ou cinq heures plus tard, je titubais sur une route de campagne obscure, avec quatre ou cinq amis ayant décidé comme moi de rentrer à pied. Nos têtes bourdonnaient, nous avions le visage brûlant, l’élocution incertaine et nous nous arrêtions tous les trois pas pour partir dans un fou rire dont personne n’aurait pu se rappeler la raison. Nous fîmes même une pause pour uriner en un lieu stratégique et mûrement choisi : le monument aux morts du village.
Tonton et tata nous avaient massacrés : trois types d’apéritifs locaux (floc blanc, floc rouge, floc rosé), du vin rouge en quantité pour accompagner ledit "apéro dinatoire" (des pizzas, du magret, du melon, des saucisses... nous étions rassasiés) et bien sûr les digestifs, à savoir de la poire (la meilleure poire que j’eus bu de ma vie), un alcool de fruits rouges artisanal, de la "verveine" (rien à voir avec l’infusion du même nom) et j’en passe.
Mais la pire épreuve restait à venir : à la sortie d’un virage, deux amis occupés à se chamailler et à s’empoigner tombèrent dans le fossé bordant la route. Re-fou rire général. Et soudain ! Un cri rauque et sauvage retentit tout près d’eux. Je pensai d’abord à une nouvelle facétie de mes camarades. Mais voilà que surgit du pré voisin, de l’autre côté d’une clôture, une grande forme blanche et fantomatique, très visible dans cet environnement nocturne obscur. Une créature du Gers était apparue devant nous pour surprendre les intrus et les châtier pour leur dépravation.
Un âne. Un grand et bel âne blanc, qui braissait tout ce qu’il savait, choqué par le bruit que nous faisions au milieu de toute cette rurale quiétude.
Ce fou-rire là dut durer au moins cinq minutes.