Je décide d’aller faire un tour en vélo. Moi qui suis un citadin, une ballade à la campagne la nuit prend tout de suite l’allure d’une expédition. Je sors le bicycle du garage, lui rajoute de la lumière, histoire de ne pas se faire écraser par un "indigène qui connaît la route par cœur". J’ouvre le portillon et me voilà dehors. La nuit est sombre et sans lune. Je m’engage dans la rue principale du village. Après le petit pont, je tourne à gauche. Dans mon souvenir, ce chemin qui mène à la rivière est loin de toute habitation. Ici, il fait plus sombre, voire quasiment noir. Je roule à tatons, à l’oreille et au pif. L’obscurité est toujours un choc pour moi l’urbain, habitué aux lumières de la ville. Je continue d’avancer, les yeux écarquillés pour capter le moindre photon qui passe. Un petit rot atteste que la digestion s’amorce tout doucement. C’est calme, je suis de plus en plus détendu. Je commence à m’habituer à la nuit. Je distingue des formes sur le bord du chemin. « tiens, des bâtiments, je vais allez voir de plus près ». je m’approche. Soudain une lumière s’allume violemment ; un phare m’éclaire en pleine face. Je perds l’équilibre, me rattrape de justesse. Une deuxième lampe s’allume puis une troisième. « merde quesqu’y s’passe ?! c’est quoi ces trucs ? ». je m’arrête un peu plus loin, hors des faisceaux lumineux. Plusieurs maisons avaient poussées depuis mon dernier passage. Des villas bien moches. Et comme il se doit, les heureux propriétaires, légèrement paranoïaques, ont placé des lampes à allumage automatique, rien que pour faire tomber les cycliste qui la nuit passent là. Et pouf, la lumière s’éteint.