Et en retard au travail.
7H30, je descends la 73ème, arrive au travail, une journée normale : tout est en place, le garde, le café, les moustiques, les dossiers entassés, la chaleur.
Le soleil, "la vie sous les tropiques", que demander de mieux !
La matinée s’achève tout comme mon rendez-vous
"Au revoir, à bientôt". Je vais dans le bureau de la secrétaire, on a de serieux problèmes avec son lecteur de disquettes...
Tiens un coup de fil, Isa qui veut savoir où on va manger ce midi, le choix est vite fait, il n’y a pas grand chose dans le coin : le "food court" inspiré des américains, grande basse-cour entourée de divers commerces ou le petit resto où l’on ne mange que du poulet... Et là tout bascule !
Ma "visite" revient :
"hay un asalto en frente, en la calle", il a l’air altéré le petit ! Je répète
"il y a une attaque à main armée juste en face, dans la rue ".
Effectivement on entend des pétarades. La secrétaire se met à quatre pattes, vient vers moi puis se ravise, marche arrière
"pas en face de la fenêtre" et se colle au mur à droite de la fenêtre. Isa est toujours là,
"quoi, quoi, raconte". Un coup d’oeil alentour en dit long sur la situation,la "visite" a disparu du champ de vision et s’est probablement réfugiée de l’autre côté du bureau, le technicien a abandonné les manipulations et se laisse glisser sous le bureau. J’écourte la conversation
"j’en sais rien, ça pète !, je te rappelle" et me voilà aussi assise sous le bureau. On ne s’intéresse pas assez à son mobilier, celui-ci est en fer et on espère que c’est de la bonne qualité, car on est en face de la fenêtre tout de même !
Pourtant on dirait des pétards ! le regard un peu hagard on se regarde, je lève la tête et regarde l’écran, la caméra filme l’entrée du bureau. L’oeil fixé, dans l’attente de je ne sais quoi, voilà que le garde part en courant , arme au poing,
"il est fou !". Ambiance tendue, mélange de rire nerveux, d’incompréhension, de stress. Les quatre intrépides au sol.
C’est fini, on sort de nos "cachettes". Je vais vers la porte, reviens, risque un oeil du coin de la fenêtre, le garde revient.
C’est simple, les malfrats ont suivi la victime qui sortait de la banque, ont profité du feu rouge pour l’assaillir, Munis d’un M16. Le gars s’est retrouvé face à terre, les
"pandilleros"(membres d’un gang) ont embarqué l’argent et le chef du gars qui avait eu la bonne idée de l’accompagner. Double gain, vol et enlèvement ! Le gars est là, devant sa voiture, son arme pas loin, c’est lui qui a tiré lors de la fuite des pillards ; insconscient, quand on sait comment se règlent les problèmes par ici.
Chacun y va du sien, on reconstitue la scène, songe à ce qu’il vient de se passer et les commentaires, suppositions fusent, ça nous fait du bien.
Midi, je raconte l’événement à Isa, incrédule.
Une journée comme celles qu’on lit dans les journaux locaux, c’est donc vrai ! On raconte dix fois la même chose, à qui veut l’entendre mais ça soulage !
Une journée pas comme les autres. Le soleil est là, on reprend le boulot, et le soir en rentrant on a des yeux dans le dos.
Méfiez-vous des fenêtres salvadoriennes !