Le 15 avril 2003, par El Castor,
Comment le zen vous échappe parfois
Cela faisait des mois que Christian nous faisait chier. Je dis "nous", c’est-à-dire l’équipe de volley-ball sénior masculine 2 du fantastique Paris Volley Club (PVC pour les intimes).
Christian a l’habitude de commander et de conseiller. Le genre à ne cesser de faire des recommandations que vous connaissez par coeur. Aux entrainement de volley (au PVC, je l’ai déjà dit), il reprend tout le monde : celui qui vient de faire une passe à un voisin, celui qui réceptionne mal, et même l’entraineur. De marbre, ce dernier le lui rend bien en le faisant reprendre à dix fois ses attaques, ses passes, à lui faire faire des pompes jusqu’à ce que Christian crache ses poumons.
Mais ca ne l’arrête pas, le Christian.
Le problème, avec Christian, c’est que c’est le plus nul de l’équipe. Le genre à envoyer des "avions" en guide d’attaque (la balle part dans les airs au lieu de frapper le plancher), à réceptionner vers le terrain voisin, à envoyer des "quéquettes" (petite balle lobée ridicule) en place et lieu d’une franche frappe.
Alors il énerve tout le monde avec ses conseils, cela se comprend aisément.
Dernièrement, je me suis rendu compte que mon calme légendaire n’était... qu’une légende.
La goutte d’eau fut une phrase prononcée en cours de jeu, ce qui me déconcentra et me fit louper une balle.
Je rougis, je palis, je craquis à sa vue.
Je ne me souviens pas avoir été si méchant depuis mon enfance. En deux mots, je lui ai révélé son véritable niveau, l’image qu’on avait tous de lui (un chieur né), sa névrose d’origine manifestement sexuelle, son incapacité à intégrer le groupe, j’aurais pu ajouter son short ridicule. J’ai conclu qu’il n’en fallait pas beaucoup plus pour que l’un d’entre nous lui délivre un pin (pain ? pim ? pein ?) dans sa gueule.
Le pire, c’est que je n’ai pas regretté. Ou si, j’ai regretté de l’avoir calmé (depuis il se tait) et que personne, finalement, n’a assouvi la violence qui sommeille en nous.