La manche, ça rapporte
Le 18 décembre 2005, par gabzéta, lyon
Mon paquet de tabac est vide et on est dimanche, évidemment. Heureusement à Grange-Blanche, il y a LE tabac ouvert pour les toxicomanes les plus imprévoyants.
Comme je ne fais pas tout à fait partie de cette seconde catégorie et que je suis un quelqu’un de prévoyant, je vérifie l’état de mon porte-monnaie avant de me garer dans la double file des gens appartenant à la première catégorie.
Là, horreur : il me reste 5 euros et 40 centimes… Un terrible doute me traverse : c’est pas 5,50 le paquet ?
Bon, je m’approche du tabac tout en fouillant habilement mes poches en espérant y sortir autre chose qu’un tas de mouchoirs usagés… Ah ? Ooh… Super, le fameux jeton de caddie de supermarché… Celui qui a la forme d’une pièce, la taille d’une pièce… Et qui m’aurait été très utile il y a deux jours…
A l’entrée du tabac, une fille genre teuffarde neo-punk, me demande si j’ai pas de la monnaie… Elle n’a pas encore trop de piercing et malgré sa capuche, je me rend compte qu’elle est jolie. Mais bon, la monnaie, c’est problème aujourd’hui… Je marmonne un truc du style que j’ai pas assez pour mes clopes mais que peut-être bon on verra après, quoi. (Pour une fois que c’est vrai…)
En faisant la queue, je recompte bien attentivement ma ferraille et en additionnant les 2 et 1 centimes j’arrive pile-poil au compte prévu ! Ah, victoire !
Par contre plus de monnaie du tout… Je ressors donc en m’apprêtant à proposer, à défaut de mieux, une clope à la demoiselle, quand je suis arrêté dans mon élan par ce type, là, au bonnet péruvien, qui était devant moi au tabac : il fait brusquement demi-tour au milieu de la rue, déboule sur la jeune fille, lui tend un billet de 10 euros et repart aussi vite en trottinant !
Je suis un peu scotché (on voit pas ça tous les jours) mais pas autant qu’elle je pense ! J’observe la fille, là, en commençant à me rouler une clope. je sens que je vais engager la conversation par une réflexion sur la nature humaine, quelque chose de drôle et subtil à la fois…
Mais soudain, le type prévoyant qui est en moi se rappelle qu’il a une voiture, qu’elle est là, toute seule, au milieu de la route parce que la double file s’est vidée et que c’est pas le moment de faire le kéké.